Des élus français veulent savoir si leurs communes abritent des fichés «S»

Ils veulent des noms ! Des élus locaux français réclament qu'on leur dise si certains de leurs administrés sont fichés « S », et donc soupçonnés de constituer une menace pour la sûreté de l'Etat. Ces fiches, produites par le renseignement intérieur, sont réservées aux enquêteurs et le gouvernement ne veut pas les rendre publiques. En France, 20 000 personnes sont ainsi surveillées à leur insu. Pas seulement pour des projets d'attaques jihadistes.

A la différence du fichier « M », qui concerne les mineurs ayant fait des fugues, ou du fichier « V », pour les évadés de prison, le fichier « S » regroupe toutes les menaces contre la sécurité de l'Etat.
Un peu plus de la moitié de ces personnes, 10 500, figurent dans le fichier pour leurs relations avec des mouvances islamistes ou pour leur consultation régulière de documentations de propagande.
Les autres suspects peuvent être par exemple des « hooligans », ou des individus proches de groupuscules d'extrême droite et d'extrême gauche voire de partis étrangers, comme le Hezbollah ou le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Attention ! Il ne faut surtout pas croire que les personnes soupçonnées sont toutes des terroristes. Et pour cause, elles ne sont jamais passées à l'acte, c'est bien pour cela qu'on les surveille. La plupart n'ont jamais eu et n'auront jamais affaire à la justice.
Les fiches « S » n'ont aucune dimension judiciaire. Mais elles sont très utiles aux services de renseignement. Ces derniers les utilisent pour connaître et enregistrer les déplacements. L'an passé, le fichier « S » comptait 850 jihadistes potentiels, la plupart revenus d'Irak ou de Syrie.
Le problème avec ces fichiers, ce n'est pas la récolte des données. Le problème, c'est leur analyse. Un ancien conseiller en sécurité l'admet, dans les minutes qui suivent un attentat et l’identification d’un auteur, entre 5 et 15 kg de documents sortent des archives. La prévention serait bien meilleure si des recoupements étaient faits.
Qu'à cela ne tienne, plusieurs mairies en France continuent de réclamer le nom de leurs concitoyens fichés « S ». Le représentant de ces élus a rendez-vous la semaine prochaine avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

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